DANS LES RAPIDES DU NIL BLANC : LE FLEUVE SAUVAGE

Publié le par Daniel Duhand

KAYAK

 

Cinq jeunes kayakistes Bretons sont partis dompter les rapides du Nil Blanc, en Ouganda. Une aventure sportive hors du commun et une aventure humaine aussi, dans ce petit pays d’Afrique, de l’Ouest africain, pas vraiment touristique.

 

 

« Le plus difficile, c'était de reprendre ma respiration lorsque j'avais la tête hors de l'eau. J'étais continuellement entraîné vers le fond. J'ai dû sortir de mon kayak, car je ne pouvais plus respirer et le courant venait de m'arracher la pagaie des mains. " Léo se souviendra longtemps de " Cuban ", le rouleau le plus impressionnant des rapides d'Itanda. " J'étais épuisé et je n'avais plus de souffle quand j'ai senti la corde tomber sur ma tête. Je l'ai attrapée et je me suis senti tiré. Je ne remercierai jamais assez Jo et Mat. Sans eux, je ne serais plus là aujourd'hui. " Les cinq membres du club de Freestyle du Dabeblech' Kayaking, qui ont passé plusieurs semaines en Ouganda, se souviendront longtemps de leur incroyable périple africain. Ils ont traversé le pays en 4 x 4, dans le meilleur des cas, et le plus souvent en matatus (camionnettes utilisées pour les transports en commun) ou en boda-bodas (mobylettes), pour se rendre sur les meilleurs spots du Nil Blanc.


Accueillis comme des héros
Le fleuve, qui prend sa source au Lac Victoria, conflue ensuite avec le Nil Bleu, en Éthiopie, pour devenir enfin le Nil, en Égypte, et se jeter en Méditerranée, 6 400 Km plus loin. Sur le territoire ougandais, le Nil blanc n'est qu'une succession de chutes, de rapides et donc de vagues de difficultés maximales, propices à la réalisation d'arabesques aquatiques et aériennes. Le périple des cinq freestylers a débuté à Bujagali Falls, à plus de 4 h de route de la capitale, Kampala. Dès la deuxième nuit, ils ont affronté des pluies torrentielles : un avant-goût de ce qui les attendait sur l'eau le lendemain. Sur un spot baptisé "50/50", sans doute parce que les chances de survie y sont d'une sur deux, ils ont vraiment compris pourquoi le Nil Blanc avait la réputation d'être la Mecque du kayak freestyle. En arrivant au-dessus de la vague, il faut en effet se retourner pour pouvoir la surfer.

Au sortir de chaque session, le club des cinq fait le bonheur des curieux à cause de son drôle d'accoutrement et de son équipement : casque, pince-nez, jupettes, sans oublier l'embarcation, très courte, dotée d'une coque à fond plat et de carres pour permettre une accroche radicale dans les vagues. Dans chaque village traversé, les enfants, excités et heureux de cette animation inattendue, accueillent les kayakistes par des " Muzungu ! Muzungu ! " (Bienvenue). À chaque fois, c'est l'occasion de partager avec les habitants des repas 100 % chapati : cette galette de farine et d'eau dégustée avec du miel le matin, et avec de l'avocat et un oeuf, le midi et le soir, est le plat national. Ces moments de partage et de rencontres sont bienvenus, pour se requinquer après des navigations vraiment très éprouvantes. Celle d'Itanga, où Léo s'est fait très peur, restera la plus mémorable d'entre d'elles. Ce passage, c'est en tant que " safety kayaker ", recrutés par une compagnie de raft, qu'ils l'ont découvert. Un travail bien payé qui consiste à aller récupérer les touristes éjectés des rafts... à condition, bien sûr, de réussir déjà à ne pas se faire expulser de son kayak ! Sur cette partie du fleuve, qui est un paradis pour les kayakistes du monde entier, les cinq Bretons font une incroyable rencontre : un couple de Robinsons australiens s'est installé là avec un enfant de 6 ans. Sans électricité ni eau courante, ils se nourrissent de la production des champs environnants et d'un petit élevage. La toilette se fait dans le Nil, et pour les besoins naturels, il faut juste s'assurer qu'aucun serpent ne rôde... Un peu plus en aval, les Français s'offrent un grand moment dans le " Nil Spécial ", un spot qui offre une vague raide et très rapide, sur laquelle il est possible d'envoyer des figures très aériennes, comme sur un coussin d'air. Dans deux ans, un barrage hydraulique, construit à Jinja, la deuxième ville du pays, fera disparaître ces rapides. Au grand désespoir des kayakistes, certes, mais pour la bonne cause puisqu'il permettra de développer le réseau électrique du pays.

Repères
Les bons spots

Le Nil Blanc (Ouganda) est l'un des paradis du kayak Freestyle, au même titre que le Nil Bleu (Ethiopie), le Zambèze (Zambie) et le Futaleufu (Chili).

Internet :
www.kayakthenile.com
www.thezambezi.com
www.kayakfu.com

 

Avec l’aimable autorisation de : www.myfreesport.com

 

 

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